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TEXTE (14 juillet) : Aux camarades trotskistes |
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Pardon de vous importuner encore avec mon aventure personnelle, mais à l’occasion de cette mise en ligne, et sans doute en raison de l’ampleur de la réaction qu’elle provoque, bien au-delà de ce que j’en attendais, je découvre un nouveau monde, à l’intersection des médias classiques (audiovisuels ou écrits) et du réseau internet : celui des pratiques journalistiques d’identification et de présentation d’un auteur de site en vue de sa décrédibilisation méthodique. J’avais appris, pour mon plus grand amusement (dans un premier temps !), qu’un avis de recherche avait été lancé sur la question « Thibaud de La Hosseraye existe-t-il ? » Question troublante s’il en est pour l’intéressé, quand on la lui pose directement, comme ce fut le cas. Ma réaction première fut que je me le demandais moi-même depuis longtemps, et qu'après tout, je n'étais peut-être pas le mieux placé pour y répondre. A la réflexion, cependant, je me voyais plongé dans une perplexité qui n’était plus seulement métaphysique : se pouvait-il qu’on eût autant de mal à croire à une démarche telle que la mienne ? Quel degré de scepticisme à l’égard de toute exigence morale ne fallait-il pas avoir atteint pour en arriver là ? Mais je ne me doutais pas que je péchais encore par excès d’optimisme et de naïveté (pardon, c’est l’un de mes défauts…vous allez pouvoir en juger !). Mercredi 18 mai, donc, je reçois un coup de fil de (…attention ! Je dois maintenant dire : quelqu’un qui se présente comme) Daniel Schneidermann soi-même, l’animateur de l’émission « Arrêt sur image », grand expert en décryptage de manipulations médiatiques (à ce que l’on m’a « raconté » depuis !). Très impressionné (j’avais entendu parler de lui lors du grand lessivage du journal « Le Monde »), j’essaye de répondre avec le plus d’exactitude à quelques questions qu’il commence par me poser sur ma vie, ce qui donne, dans sa version du soir (sur son Big Bang Blog où je vous recommande d’aller voir, ça vaut le détour !) que je « raconte, en bafouillant un peu et cherchant [mes] mots » (notez qu’on peut déjà douter que je sois réellement l’auteur de mon propre texte…) « l’histoire plausible » (je cherche mes mots pour m’efforcer de « raconter » une « histoire » qui se tienne…) « l’histoire plausible » (soit !) « d’un jeune homme idéaliste » (ici, un sourire de rigueur, au moins attendri)…etc…(je vous passe ma vie). Ici, vous vous dîtes, peut-être
: « Thibaud, méfie-toi. Les bordées d’injures
dont tu as sans doute été l’objet depuis ton engagement
pour le Non (il n’y a pas eu que cela, loin de là !) auront
fini par t’acculer à une forme légère de paranoïa,
tu exagères, il n’y a rien là que de très bienveillant,
somme toute »…Attendez donc la suite. Après s’être
informé de mon travail (limité, pour la circonstance, à
la question de l’Europe) au sein du club Dialogue & Initiative,
Schneidermann me demande « Quelle est votre personnalité
politique préférée ? » Et voilà ce que donne dans le Blog, cet aveu enfin arraché de haute lutte, quoique du bout des lèvres et dans une moue dubitative : « Lui dont l’homme politique favori est Jean-Pierre Chevènement (ce qui, curieusement [!], ne l’a pas empêché de s’engager dans un mouvement pour le Oui, mais « j’étais touché par la sincérité de Jean-Pierre Raffarin ») craint pour l’indépendance extérieure [sic !] française si le TCE entrait en vigueur… » Ca y est ! Enfin démasqué ! Enfin discrédité ! Enfin (surtout !) « ringardisé » ! Vous venez d’assister là, en direct, à une opération de manipulation médiatique par un expert en décryptage et dénonciation de manipulations médiatiques ! Mais ce n’est pas fini ! J’ai
gardé le meilleur pour la bonne bouche. Lisez ça : «
Au total, qu’en pensé-je ? Je pense que Thibaud existe [Chouette
: Et on peut le dire, puisque je ne suis plus…personne !]. La chargée
de communication de Dialogue & Initiative [que voilà une source,
elle, bien crédible, surtout pour un journaliste de gauche !] me
l’a confirmé, en précisant bien qu’il n’était
pas adhérent encarté du club, mais simple « auditeur
libre » [savoureux : on peut trouver trace de mes Notes de synthèse
par une simple recherche Google] des réunions. C’est un premier
point. Et que son texte, peut-être promis dans la semaine de campagne
qui reste, à une cyber-carrière aussi fulgurante que celle
d’Etienne Chouard [notez le « carrière » si révélateur
des obsessions de ce petit monde], est le témoignage d’un
admirateur de Chevènement égaré, on ne sait pourquoi
[allons donc !], chez les ouistes. En l’état actuel de mes
informations, issues d’une enquête express, je ne puis rien
en penser de plus ». Non, je ne suis pas parano et rassurez-vous,
je ne risque pas de le devenir…A propos de mon existence, un de
mes correspondants s’en était assuré lui-même
avant de me contacter, en même temps que de l’authenticité
de ma collaboration active au club en question ; ce n’était
pas difficile et je n’avais même pas pensé, dans mon
innocence coupable, à indiquer la marche à suivre : faire
une simple recherche Google.
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Un dernier mot, ou : la genèse
du 20ème argument |
Me voilà donc promu officiellement « sous-marin chevènementiste ». Outre le caractère particulièrement savoureux de cette affirmation pour ceux qui me connaissent, elle me paraît procéder, pour autant que je puisse la comprendre, du raisonnement suivant : 1- J’ai travaillé aux côtés
de membres de Dialogue & Initiative, donc je serais de droite. Eh bien pas du tout. Comme j’ai eu pourtant l’occasion de le dire mot pour mot à monsieur Schneidermann : je ne me reconnais dans aucun des partis existants, et je n’ai pas de « personnalité politique vivante préférée ». Il est vain de chercher à me cata(b)loguer chez tel ou tel. Il se trouve, certes, que l’on
m’a invité à apporter ma contribution aux réunions
de Dialogue&Initiative, et j’ai été heureux de
pouvoir le faire (1). J’estime qu’il
n’est jamais mauvais de penser, que mon voisin de droite soit un
affreux gauchiste ou celui de gauche un horrible sarkozyste. Pour autant,
ce travail ponctuel a été fait en toute indépendance
à l’égard de Dialogue&Initiative même, puisque
je n’ai jamais été leur adhérent. Pour ma part, donc, je ne me connais
aucun attachement en politique, dans sa pratique actuelle. Je me suis
seulement efforcé de comprendre un texte soumis au vote des citoyens,
en faisant preuve du plus de neutralité dont je sois capable. Le procédé de M. Schneidermann m’incite à publier le 20ème argument qu’il manquait pour voter Non à cette Constitution, et que j’avais finalement choisi de ne pas mettre en ligne, dans la mesure où son caractère inédit ne tient qu'à sa radicalité. 20/ Au-delà de la France, mais aussi
du destin de l’Europe, il y a une instance encore supérieure
qui est celle du principe et de la pratique de la démocratie. Or
les partisans du Oui eux-mêmes reconnaissent le déséquilibre
patent des dispositifs médiatiques respectivement proposés
aux argumentaires du Oui et du Non, en faveur du Oui (particulièrement
quand il était donné perdant), déséquilibre
encore accru par de régulières séquences audiovisuelles
d’ « information » et d’ « explication »
de la Constitution prétendument neutres et en réalité
saturées d’inexactitudes tendancieuses et parfois de contre-vérités
criantes (comme celle entendue sur France 3 que la Charte aurait valeur
« juridiquement contraignante »). Le seul souci de la démocratie
devrait naturellement incliner un citoyen encore hésitant à
faire acte de résistance à une telle entreprise d’aliénation
en votant Non, pour la seule expression de sa liberté, voire de
sa simple dignité de citoyen.
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1- A ce propos, alors que je n’ai été l’objet d’aucune tentative de déstabilisation de la part de Dialogue & Initiative depuis la publication de mon texte, et que je ne nourris donc aucun motif d’animosité à leur égard (dont je serais de toute façon bien incapable), M. Schneidermann, profondément indifférent à la substance même des arguments avancés sur www.ineditspourlenon.com contre le projet de Constitution, se plaît quant à lui à livrer sur Internet quelques noms de membres de D&I qui n’ont rien demandé à personne. Sans doute est-ce là, pour lui, que se situe l’essentiel de l’enjeu référendaire : les querelles de personnes. Mais l’expression d’une telle agressivité n’honore en rien ni la presse ni la qualité du débat au sujet du référendum. Ici aussi, ce n’est pas parce que de telles pratiques seraient communément usitées dans la pratique actuelle du journalisme qu’il faut s’en satisfaire et ne pas chercher à s’en distinguer. |
Lecture critique
d'un commentaire* de
l'Exposé des arguments * (par l'équipe DSK – consultable sur leur blog –) |
Si je m’appuie
sur l’auteur de cet article, c’est d’abord, bien sûr,
parce qu’il sera difficile d’en contester l’autorité
(je sais que telle n’est pas la question, mais puisqu’on en
est là ! Je veux juste dire qu’on aura plus de mal à
regarder de très haut un prix Nobel d’économie qu’un
jeune citoyen « idéaliste », un peu naïf –et
c’est heureux !). Mais mon intention est surtout de clarifier, à
partir de là, le sens des arguments 13 et 16, parmi les plus furieusement
attaqués par les Oui « de gauche » (pas du tout ceux
« de droite », à une exception près) et dont
je préfère annoncer tout de suite que je ne vois rien à
y retirer. La question est ici de savoir si la Constitution
proposée peut être interprétée comme un «
rempart » contre « les excès du libéralisme
». |
V- L'inédit toujours inédit (jamais repris dans aucun média ni par aucun acteur politique) L'argument 9 : sur l'après 29 mai... |
Une
Constitution européenne, pour autant qu’elle en soit une
et qu’elle s’applique à l’Europe d’aujourd’hui,
ne peut que comporter des dispositions institutionnelles permettant de
fonctionner à 25 Etats membres. Par conséquent, si le Non l’emporte le 29 mai, on ne saurait en rester au statu quo, tel que synthétisé dans la partie III, contre lequel nous nous serons justement exprimés. S’il vote Non, le peuple français – tenants du Oui et tenants du Non s’accordent à le dire (argument 2) – s’exprimera clairement contre les évolutions par trop libérales de l’Union : il faudra en tenir compte, ou tenir pour nulle et non avenue la volonté du peuple (argument 8). En tenir compte, cela ne peut que signifier de renégocier les traités antérieurs qui, contenus dans la partie III, auront été expressément rejetés par le suffrage universel (argument 9). A ce stade du raisonnement, on pourrait croire permis d’objecter encore, pour défendre un retour au statu quo en cas de rejet de la Constitution, qu’il ne sera pas possible de renégocier le traité de Nice qui s’appliquerait alors par défaut, dans la mesure où il ne peut être modifié qu’à l’unanimité des Etats signataires. A quoi il faut répondre que l’unanimité requise pour modifier le traité de Nice est déjà acquise : le simple fait d’avoir soumis aux peuples européens un projet de Constitution à ratifier implique, d’ores et déjà, pour tous les Etats signataires, d’avoir admis, en fait et en droit, la péremption du traité de Nice. Sans quoi ils n’auraient pu initier ce projet de Constitution, ni le signer. Par conséquent,
c’est non seulement un droit mais une exigibilité politique
absolue d’entendre la volonté populaire et de renégocier
les traités antérieurs, incluant le traité de Nice,
qui auront été désavoués dans la Constitution
(partie III comprise). |
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